Jeune pêcheur à la recherche de conseils aguerris
Depuis deux ans, Charles Larois s’adonne à la pêche. Une pratique souvent considérée comme un plaisir de séniors. Pourtant, en France, un tiers des titulaires d’une carte de pêche en 2017 avaient moins de 18 ans, selon la Fédération Nationale de la Pêche en France (FNPF). Et quand les deux générations se rencontrent, les plus jeunes en profitent souvent pour apprendre de leurs ainés.

Il commence par escalader une grille en métal, avant de traverser un pont en bois pourri et d’arpenter, cinq cent mètres durant, de hautes herbes dont les ronces déchirent le tissu de ses vêtements. « C’est comme cela que l’on trouve de bons coins de pêche », assure Charles Larois, 28 ans, avant de s’arrêter pour organiser son matériel sur une souche d’arbre mort au bord de l’étang.
Le coin de pêche en question, coincé entre le sud de l’Essonne (91) et la Seine-et-Marne (77), à une heure de Paris, est totalement désert ce vendredi de janvier. Le thermomètre affiche cinq degrés. Heureusement le soleil se faufile souvent entre deux nuages pour réchauffer ses mains occupées à maintenir la canne à pêche.
« C’est dommage, j’aime bien quand il y a d’autres pêcheurs à qui demander conseil, se désole celui qui travaillait jusqu’à récemment comme acheteur Junior chez Air Liquide, une entreprise spécialisée dans les gaz industriels. Surtout les anciens qui connaissent vraiment la pêche » ajoute-t-il en essayant en vain de défaire sa ligne coincée dans l’arbre au-dessus de sa tête. Profiter d’un moment de pêche pour échanger avec ses ainés est toujours un plaisir.

Ensemble de survêtement noir, veste North Face et clope au bec, Charles a plus l’allure d’un jogger que d’un pêcheur. D’ailleurs sa carte de pêche il est en train de la refaire faire. Le processus a été ralenti à cause de la crise sanitaire. Elle est pourtant obligatoire. Pêcher sans, c’est s’exposer à payer une amende de 38€. En 2017 l’hexagone comptait 1 528 452 personnes titulaire de la carte de pêche, dont un tiers de moins de 18 ans, selon la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF),
L’étang choisi aujourd’hui n’est pas non plus homologué pour la pêche. « Ici, je ne vois pas trop de gens parce que c’est difficile d’y venir », lâche-t-il. Pourtant il adore ce point d’eau. C’est ici qu’il a attrapé son premier brochet. Un poisson dont il parle fièrement mais trop souvent selon ses amis. « Regarde mon broc’ » répète-t-il à qui veut l’entendre. Parfois il se rend dans d’autres étendues d’eau situées en Île-de-France. Et pourquoi ne pas attraper un silure, ce poisson qui peut peser plusieurs dizaines de kilos, comme le font les pêcheurs qu’ils regardent sur Youtube.

Charles est né en 1992. Il a grandi à Sorbiers, une petite ville proche de Saint-Étienne, vers Lyon. Une région où les lacs, les rivières et les étangs ne manquent pas. Et dans lesquels, enfant, il a pêché ses premiers poissons avec son père et son frère ainé. Il avait alors moins de dix ans. « On allait à la pêche et dès que mon père partait faire sa sieste en début d’après-midi, je prenais le relais. » Des moments privilégiés qu’il raconte en regardant le leurre et l’hameçon de sa canne émerger de l’eau.
« Peps » – comme l’appellent ses amis pour une raison qu’il ne racontera pas – se rend à la pêche plusieurs fois par mois. Il a même convaincu son pote Antoine, commercial de 27 ans, de prendre part à l’aventure. Au grand dam de leurs copines respectives. « Ils passent des journées entières à la pêche, se moque l’une d’entre-elles. Je ne comprends pas ce qu’ils y trouvent. Mais tant mieux si cela leur plaît. » Et même quand il s’agit de se lever à 6h les dimanches matins pour trouver les meilleurs spots.
Le Stéphanois ne fait pas les choses à moitié. Il a acheté un arsenal complet afin de pêcher dans les meilleures conditions. Une canne à pêche, bien sûr, un nouveau moulinet, des leurres, du fil, des hameçons, des plombs… Matériel qu’il expose fièrement au moment de changer de leurre. « Ce leurre sert plutôt à attraper de gros poissons » explique-t-il en montrant un poisson en plastique vert qu’il attache au bout de son fil.

La session pêche du jour n’est pas bonne. Seule une perche téméraire est venue taquiner le leurre sans se laisser prendre. Sûrement la faute aux canards qui ne cessent de cancaner et de se disputer à l’autre bout de l’étang au point d’effrayer les poissons.
Dans un mois, c’est dans une eau plus claire que celle de l’Essonne que Charles pêchera. Lui et sa copine s’envolent pour le Mexique puis la Colombie. Le Sorbéran espère pouvoir effectuer ses premières expériences de pêche à l’étranger. Là-bas, les poissons mordront peut-être davantage.
Ismaël Bine