Polaroïd : générations en instantané [Vidéo]

Le Polaroïd n’en finit pas de fasciner petits et grands et est revenu en tête des ventes. Les journalistes de Boomer ont rencontré Philippe, 58 ans, et Louis, 26 ans, qui nous livrent leur rapport à cet appareil mythique.

Un bruit reconnaissable, un cadre blanc mythique. Le Polaroïd est l’un des objets phares, si ce n’est le symbole à lui seul, de la vie des Trente Glorieuses. Popularisé par les photographes de mode en vogue à l’époque, ces appareils photos instantanées ont inondé les pays industrialisés à partir des années 1960. Témoin d’une société qui change, que tout pousse vers l’instantané, l’appareil sort l’image, qui se révèle en quelques dizaines de secondes. Avec la technologie inventée dans les usines de Polaroïd, plus besoin de faire la queue devant les labos pour faire développer ses pellicules. Fini les négatifs, le Polaroïd, des clichés immédiat, faciles à offrir, à trimballer partout. Le Polaroïd devient vite l’accessoire indispensable des grands départs en vacances d’été. “J’avais toujours un Polaroïd sur moi, note Philippe, 58 ans, qui tient une boutique de vente d’appareils d’occasion à Paris, pour l’offrir à quelqu’un. Dans les pays que j’ai visités, la photo, c’était encore quelque chose de rare dans les années 1980”.

Depuis quelques années, la photographie instantanée a fait son grand retour auprès des jeunes. “Le cadeau de Noël idéal quand on n’a pas d’idée”, confirme Louis, 26 ans, récemment diplômé. Disparu à la fin du siècle, le “Pola” n’aura pas survécu à l’arrivée des appareils photos numériques, écrasé par l’invention de la carte mémoire et le passage du tout-analogique à l’ère du digital. Dans les années 2000, la technologie a même failli se perdre totalement. L’entreprise Polaroïd, géant d’hier, a recentré ses activités en 2008 et ne produisait plus ses appareils iconiques. Jusqu’à ce qu’une start-up, The Impossible Projet, relance l’idée de développer des appareils photos comme ceux des années 1960. Le concept a fait son chemin, mais coûte cher, les machines pour produire ayant presque toutes disparues. C’est Fujifilm qui va démocratiser de nouveau le concept, avec ses petits boitiers Instax, à un prix relativement abordable. Un succès commercial inattendu à l’heure des réseaux sociaux et des discussions dématérialisées. Peu importe si la qualité n’y est pas pour cette génération née dans les années 1990-2000 — “la balance des blancs est dégueulasse”, remarque Louis — c’est la patte Polaroïd, et ses couleurs si spéciales qui attire les jeunes comme Louis aujourd’hui. “Ça ressemble à un filtre Instagram. Même si la photo est nulle ou ratée, il reste quelque chose de matériel du moment passé, en soirée ou ailleurs”.

Thomas Guichard